Polytraumatisme
Poly = plusieurs
Un polyfracturé, c’est à dire atteint de plusieurs fractures n’est pas en danger vital contrairement au polytraumatisé.
Inconscience, détresse circulatoire et/ou détresse respiratoire sont les urgences potentielles de ce type de blessures.
En attendant le SMUR, les gestes habituels de survie seront prodigués.
Le blessé sera “déchoqué “sur place puis transferé vers un centre traumatologique afin de réaliser scanner, intervention chirurgicale puis hospitalisation en réanimation.
L’onde de choc d’une explosion est à l’origine de lésons non visibles: pulmonaires, digestives…
La baisse de l’audition confirme le traumatisme.
Lors d’un éboulement, comme un tremblement de terre, les membres inférieurs sont souvent écrasés. Le dégagement risque d’entrainer une grave détresse circulatoire.
Polyfracturé
Il s’agit d’un blessé ayant plusieurs fractures mais dont la gravité n’est pas importante, c’est à dire sans détresse circulatoire ni respiratoire.
(Par ex: fracture de jambe + fractures des avant bras)
Soulager la douleur et l’immobilisation sont les points fondamentaux du transport.
Le centre 15 peut donner son feu vert pour un transport en ambulance.
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Polytraumatisé
Il s’agit d’un blessé ayant une ou plusieurs lésions traumatiques dont la gravité fait que si rien n’est fait, l’accidenté peut mourir.
L’accident est important (voiture, défenestration…)
L’incarcération du blessé est fréquente.
Excepté le rachis, la cuisse et le bassin, ce ne sont pas les fractures qui sont préoccupantes mais les lésions internes:
La détresse circulatoire est présente ou potentielle (elle va arriver et il faut prévenir par une perfusion et oxygénation).
Le blessé est souvent inconscient.
Le transport par SMUR est obligatoire.
Note
- Vous avez bien lu : UNE ou plusieurs lésions donc “poly” ne veut plus rien dire !
- En effet polytraumatisé signale la gravité (souvent une détresse circulatoire, état de choc).
- Un blessé ayant uniquement une plaie du foie qui saigne, est par ex. considéré comme un polytraumatisé !.
Conduite à tenir
Elle consiste à pratiquer un bilan dans un ordre précis tout en mettant en oeuvre les gestes de survie nécessaire en attendant les secours médicaux.
C’est l’occasion de revoir toutes les notions apprises sur les traumatismes.
Secourisme de base
Après avoir protégé, le dégagement d’urgence ou la désincarcération est parfois nécessaire.
▷ Voir fiche “désincarcération”
Très rapidement, il faudra alerter afin d’avoir rapidement une aide pour le dégagement et les soins médicaux.
Le lavage des mains et le port de gants stériles est indispensable.
Lavage des mains
Pose de gants stériles
Bilan
En regardant la victime, on recherche immédiatement une détresse vitale: hémorragie artérielle ou arrêt circulatoire.
L’inconscience ou coma se reconnait par l’absence de réponse aux ordres.
Il faut essayer de quantifier la profondeur du coma par le score de Glasgow et de suivre son évolutivité.
Une détresse respiratoire se manifeste soit par une paralysie respiratoire ou une asphyxie selon le traumatisme.
Une détresse circulatoire signe en général une hémorragie souvent interne.
Reconnaitre le choc comporte de nombreux pièges: trop calme, désorienté…
Sauf dégagement d’urgence, les gestes de secours sont effectués sur place: position dos ou pls si inconscient, oxygénation.
Et surtout n’oublions pas d’alerter pour avoir de l’aide.
Attention, il est possible d’être en présence de plusieurs blessés graves. Le plus agité n’est pas forcément le plus grave.
Le bilan traumatique s’attardera plus sur les organes vitaux. Les fractures des membres ne sont pas prioritaires, même si la fracture est ouverte et déplacée.
Les constantes vitales seront prises à intervalle régulier et données au SMUR
Gestes de secours
Ils sont classiques. Tout en rassurant le blessé:
- libérer les voies aériennes
- arrêter les hémorragies
- maintien de la tête en position neutre
- a plat dos, jambes surélevées si collapsus
- pls si inconscient
- oxygénation 9 l/mn par masque à haute concentration
- recouvrir par pansement stérile les plaies
- protection thermique
Et après ?
Hors programme.
L’équipe médicale posera une perfusion avec des flacons remplissant les veines et donc la circulation, faute de transfusion sur place.
Les douleurs seront soulagées par l’injection intraveineuse d’antalgiques et anesthésie loco-régionale
Au besoin le blessé sera endormi notamment pour soulager l’oedème du cerveau
Si nécessaire, les voies aériennes seront protégées par intubation et la personne ventilée artificiellement.
En présence d’un pneumothorax ou d’un hémothorax, le médecin posera entre 2 côtes un drain thoracique pour évacuer air et/ou sang.
Les constantes seront surveillées en permanence : tension, pouls, saturation en oxygène.
Une analyse biologique sur place pourra mesurer le taux d’hémoglobine et évaluer le degré de l’hémorragie.
En pratique on dit que le blessé est “déchoqué”.
Le blessé sera transporté sur matelas coquille.
Le blessé sera admis directement en réanimation, salle de déchocage ou au bloc opératoire (salle de réveil) en fonction des circonstances.
Au préalable
un scanner corps entier sera pratiqué, à défaut au minimum une échographie abdominale.
Afin de pouvoir faire face à plusieurs types de lésions (neurochirurgie, chirurgie viscérale, orthopédie, maxillo-facial, radiologie interventionnelle…) le blessé sera accueilli dans un hôpital ayant des équipes anesthésistes-réanimateurs, chirurgiens et radiologues disponibles 24 h/24 comme les “trauma center” américains.
Au besoin le blessé sera transporté sur une plus longue distance par hélicoptère.
Explosion ou blast
Mécanisme
L’explosion est accidentelle souvent industrielle (AZF, Toulouse) ou suite à un attentat.
Elle libère de l’énergie qui comprime l’air entraînant une zone d’hyperpression qui se propage très vite sous forme d’une onde .
On parle d’onde de blast ou souffle de l’explosion ou “effet de souffle”.
Il peut avoir un traumatisme secondaire du aux projectiles: pierre, éclats de verre.
Lors d’un attentat, l’engin explosif peut contenir des objets (clous,boulons…) à l’origine d’un polycriblage.
Un traumatisme tertiaire est du à la projection de la victime contre une paroi.
Lésions
ATTENTION, le blessé peut ne présenter aucune lésion apparente et pourtant son état est sérieux car des lésions internes sont apparues:
– Lésions pulmonaires
Elles sont les plus graves avec dyspnée, toux , hémoptysie (crachat de sang), OAP, douleur thoracique, pneumothorax.
Elles peuvent apparaitre plus tard.
– Lésions digestives
secondairement apparaît douleur abdominale, nausée…
Les organes plein de sang peuvent se déchirer (foie, rate, reins).
Dans ce cas apparait une hémorragie interne avec détresse circulatoire.
– Lésions du cerveau
– Lésion auditive
La plus visible. la lésion du tympan confirme que la blessé a été atteint par l’onde de choc.
Il y a surdité ou baisse d’audition, bourdonnements d’oreilles, douleur (otalgie)
– Lésion de l’oeil
Des troubles visuels sont présents dans 10% des cas: irritation, hémorragie…
– Lésions associées
Fractures, luxations, entorses, brûlures
Bilan
Les victimes sont nombreuses d’où un tri nécessaire.
Questions
Il faut poser les questions suivantes:
- M’entendez vous, avez vous mal aux oreilles ?
- Avez vous mal aux yeux, votre vue est-elle trouble ?
- Avez vous mal au ventre ?
Examen
- Vérifiez la respiration, l’absence de toux de crachat de sang (hémoptysie)
- Vérifiez l’absence de nausées, vomissements, de sang dans les selles
Bilan vital
On recherchera détresse respiratoire et circulatoire
Gestes d’urgence
- LVA, Oxygénothérapie
- Position d’attente
- 1/2 assis si conscient et détresse respiratoire
- décubitus dorsal avec jambes fléchies si contusion abdominale
- PLS si inconscient
Attention
- L’explosion peut aussi disperser des vapeurs toxiques ou des particules radioactives.
- Voir risque NRBC
- Lors d’un attentat, une deuxième bombe peut exploser en présence des sauveteurs
▷ Savoir + : Plan de secours : plan rouge, ORSEC… (Module 8)
Compression prolongée des muscles (Ecrasement des membres inférieurs)
Circonstances
Il survient lors d’un tremblement de terre, une explosion d’immeubles.
Il est aussi appelé “syndrome des ensevelis” ou “crush syndrom”
(découvert par les anglais lors du bombardement de Londres pendant la 2 ème guerre mondiale).
Conséquences
La compression arrête la circulation sanguine dans les muscles comme un garrot.
Les muscles souffrent car privés doxygéne et produisent des déchets toxiques pour le coeur et les reins.
Tant que les muscles sont comprimés, ces substances restent sur place, c’est pourquoi la victime peut supporter une compression isolée quelques heures.
MAIS au dégagement il y a “un laché de garrot”, le sang arrive mais une grande partie fuit car les vaisseaux sont poreux et les déchets partent et bloquent les reins (insuffisance rénale aigue)
Donc 2 risques possibles au dégagement :
- arrêt cardiaque brutal
- détresse circulatoire (choc)
Secondairement les reins se bloquent et le traumatisé n’urine plus.
Un rein artificiel (hémodialyse) est nécessaire.
Signes
La ou les personnes sont ensevelies.
Une partie du corps (en général le membre inférieur) est bloquée.
S’l est accessible, la peau est livide, froide avec des marbrures et sans pouls périphérique.
Des lésions traumatiques annexes sont à rechercher (notamment la colonne vertébrale).
Note
- Tant que le corps n’est pas dégagé l’état du blessé peut être faussement rassurant
Gestes
L’aide de professionnels est indispensable (sauf en zone non médicalisée ou catastrophe de grande ampleur empêchant l’arrivée des secours).
Oxygénation et aide psychologique sont nécessaires en attendant l’équipe médicale.
Celle ci procédera à la perfusion, traitement anti douleur voire anesthésie générale ou loco-régionale.
Parfois l’amputation sur place est indispensable.
Points clefs
- Polyfracturé = plusieurs fractures sans risque vital
- Polytraumatisé = lésion(s) vitales
- Recherche détresse circulatoire, respiratoire et inconscience
- Intervention médicale obligatoire
- Explosion
- lésions non visibles
- baisse de l’audition
- Ecrasement
- ne pas dégager le membre comprimé sans avis médical
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Le cours “trauma interne ” est téléchargable