Urgences vitales, auxiliaire ambulancier
La plaie artérielle est facilement reconnaissable. Le saignement est puissant en jet, pulsatile et de couleur rouge vif.
Immédiatement une compression stérile sera pratiquée.
Une détresse circulatoire (choc hémorragique) sera recherchée.
Comment la reconnaitre ?
Dès l’approche du blessé, le saignement est évident.
C’est une hémorragie externe.
C’est pourquoi dans la hiérarchie du bilan vital du traumatisé, il est inscrit en premier.
Nous parlons ici d’une plaie d’une grosse artère.
La plaie artérielle saigne:
- en jet,
- par saccade pulsatile comme le pouls
- de couleur rouge vif
Il ne faut pas la confondre avec une plaie veineuse:
CirconstancesElles sont exceptionnelles, et par ordre de fréquence on trouve:
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Plaie artère fémorale |
Comment l’arrêter ?
Tout en allongeant la victime et faire donner l’alerte, on essaye d’arrêter le saignement.
Pression manuelle
Elle se fait avec une compresse stérile et des gants à usage unique ou mieux stériles sur la plaie.
Il faut que le secouriste ne soit jamais en contact avec le sang du malade pour éviter SIDA ou Hépatite C.
Voir Accident d’Exposition au Sang (A.E.S.)
On commence, en urgence par comprimer avec les doigts ou la main.
Elle suffit en général pour arrêter un saignement classique, mais dans le cas d’une plaie artérielle, il est préférable de poursuivre la compression jusqu’à l’arrivée des secours médicalisés.
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Ne pas oublier de se protéger
En attendant le matériel, on peut demander, si c’est possible à la personne de se comprimer lui-même.
SANS PROTECTION : A éviter |
Au pire : linge, au mieux gants et compresses stériles si possible |
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Pansement compressif
On utilse un pansement absorbant à plusieurs couches appelé “pansement américain”
ou un coussin hémostatique d’urgence (CHU).
Localement on vérifie l’efficacité de la compression, le sang ne devant pas couler autour du pansement et la compression ne sera pas excessive se traduisant alors par des extrémités froides et cyanosées.
Notes
- La compression doit :
- recouvrir la totalité de la plaie
- être suffisante pour arrêter le saignement
- permanente
Point de compression à distance
Si la plaie n’est pas accessible, ou le débit trop important (saignement d’une artère en jet), il faut pratiquer avec des gants stériles une compression à distance de la plaie (points de compression).
Elle est indiquée aussi si le pansement compressif est inefficace, ou devant une fracture associée (surtout ouverte) ou une section de membre.
La compression est maintenue jusqu’à l’arrivée des secours médicalisés.
Rappelons les points de compression :
- artère axillaire :
dans le creux de l’aisselle - artère humérale:
pouce à l’intérieur du bras en légère rotation externe, en appuyant sur l’humérus, entre les 2 masses musculaires du bras - artère fémorale:
en appuyant le poing, bras tendu au milieu du pli de l’aine ou à la face interne de la cuisse entre les 2 masses musculaires - artère poplitée:
le pouce appui
derrière le genou dans le creux dit poplitée - artère carotide:
pouce à la base du cou, les autres doigts en arrière du cou, sans écraser la trachée
Compression artère humérale |
Compression artère fémorale |
Compression artère carotide |
Garrot
La pose d’un garrot est exceptionnelle,
par ex. : un sauveteur seul devant faire face à plusieurs blessés ou un point de compression inefficace.
A partir du moment où il est posé, il ne sera pas enlevé.
Le garrot sera toujours visible avec une inscription notant l’heure de pose.
Un garrot ne doit pas être gardé, en théorie plus d’une heure car les nerfs sans oxygène souffrent et les cellules nerveuses (neurones) risquent de ne plus fonctionner (séquelles de paralysie).
Avec un garrot pneumatique
voire un appareil à tension
Avec un lien de toile sans boucle métallique:
Glisser le lien large, plié en deux, sous le genou ou le bras de la victime. La boucle |
Remonter le garrot à la racine de la cuisse |
Passer un chef du lien large dans la boucle et tirer sur les deux chefs pour serrer le garrot |
Maintenir la traction et terminer en nouant les deux chefs |
Avec un garrot à boucle métallique
- Glisser le garrot sous la cuisse ou le bras de la victime. La boucle métallique vers l’intérieur, la partie métallique repose sur le sol (fig. 1)
- Remonter le garrot à la racine de la cuisse ou du bras et engager l’extrémité libre de la sangle dans la boucle métallique, en appuyant le levier de la griffe pour l’ouvrir (fig.
2) - La sangle passée, relâcher la griffe et tirer fort sur le chef pour serrer le garrot (fig.3)
- La griffe de la boucle métallique permet de maintenir le garrot serré. La compression peut être alors relâchée. On vérifie que le saignement ne reprend pas (fig 4)
Fig 1 |
Fig 2 |
Fig 3 |
Fig 4 |
Retentissement sur la circulation sanguine ?
Si l’hémorragie est abondante, la quantité de sang dans les vaisseaux diminue. L’organisme ferme des vaisseaux non indispensable comme la peau (d’où la paleur et et extérmités froides), accélere la circulation, signale le manque de liquide (soif)…La tension artérielle est maintenue puis va baisser (hypotension) voire s’effondrer (collapus : tension imprenale mais pouls carotidien percu). Les organes importants sont mal irrigués comme le cerveau : agitation, malaise…) (Savoir + : détresse circulatoire) puis lorsqu’il n’y a plus beaucoup de sang, le coeur s’arrête et il est difficile de le faire repartir d’où l’intéret d’apporter rapidement tout le sang des membres inférieurs en les surélevant.
Régulièrement l’examen du blessé et la prise des constantes vitales rechercheront toute dégradation, notamment l’apparition d’une anémie aigue (pâleur extrême), puis d’un état de choc se manifestant par :
- pâleur
- froid
- angoisse
- soif
- sueurs
- accélération du pouls ou tachycardie
- baisse de la tension voire effondrement (collapsus)
- respiration rapide
Gestes complémentaires
- Alerte précoce
- Le blessé est allongé, très légèrement 1/2 assis *, couvert, rassuré,
- Les pieds sont surélevés, et maintenus dans cette position
- Il est oxygéné par inhalation à 9l/mn avec masque à haute concentration
- On attend les secours médicalisés (S.MU.R.) qui poseront une perfusion.
- Ne pas faire boire, ni manger (risque d’anesthésie)
* ou à plat selon les écoles (plus angoissant)
Cas particulier: Arrachement d’un membre
Une partie d’un membre peut être sectionné ou arraché.
Cette lésion est particulièrement choquante et nécessite rapidement l’intervention d’une équipe médicale (SMUR).
Les gestes habituels sont pratiqués:
- Point de compression à distance si nécessaire
- Emballage stérile avec champs
- Récupération du membre et protection au froid
- Oxygénation par inhalation à 9 l/mn
- Alerter centre 15
Paradoxalement la section d’une artère n’entraîne pas toujours une hémorragie externe massive car il arrive que les artères se rétractent.
Attention: à tout instant la plaie artérielle peut se rouvrir.
Une surveillance permanente est donc nécessaire.
La partie sectionnée sera conservée dans un double sac contenant de la glace en évitant le contact direct avec la peau.
La morsure de requin peut arracher un membre et entraîner rapidement la mort.
Autres saignements
Ils ne sont pas une urgence vitale, mais nécessitent néanmoins une compression car sur le long terme un saignement distillant peut faire perdre beaucoup de sang.
Comme il n’y a pas de priorité, il ne faut pas s’attarder et vérifier d’abord si’il n’y a pas une autre urgence vitale nécessitant un geste immédiat.
L’hémorragie est une perte de sang en rapport avec une plaie ou déchirure d’un vaisseau ou d’un organe plein de sang (comme la rate);
Hémorragie externe
C’est la plaie qui sectionne des vaisseaux.
Plaie artère principale
Elle entraîne en quelques minutes une détresse circulatoire majeure si la compression n’est pas immédiate. (voir +haut)
Plaie qui saigne en nappe modérément
Un saignement dû à une petite coupure, écorchure, éraflure ou abrasion cutanée s’arrête spontanément en quelques minutes.
En effet les vaisseaux se contractent et la plaie vasculaire est “bouchée” par un caillot formé par les plaquettes du sang et des facteurs de coagulation.
Il ne faut pas “gratter” le caillot formé sinon la plaie resaigne.
Plaie qui saigne beaucoup
Un saignement abondant imbibe de sang un mouchoir en quelques secondes et ne s’arrête pas spontanément.
Si aucune compression n’est pratiquée, la perte de sang peut devenir importante.
Il est très difficile d’évaluer la quantité de sang perdu. On peut aussi bien minorer que majorer (un visage en sang mais finalement peu abondant ou au contraire plaie du scalp).
Attention aux hémorragies cachées : vétements, cuir chevelu, dos…
Plaie avec corps étranger
Ne pas le retirer au risque d’aggraver le saignement
Hémorragie “extériorisée”
Le sang sort par un orifice naturel.
Saignement de nez
C’est le plus connu ou épistaxis.
Il survient après un traumatisme du nez ou spontanément.
La quantite de sang est insuffisante pour entraîner un état de choc.
La tête est penché en avant, ne pas allonger
Le faire moucher
Comprimer la narine pendant 10 mn
Surveiller la conscience si traumatisme
Hémorragie digestive
La personne peut vomir du sang ou le perdre par l’anus (sang rouge ou noir).
Allonger sur le côté en latéral
Il faut conserver les vomissements dans un récipient.
Il s’agit d’une urgence grave et la détresse circulatoire est possible.
L’interrogatoire recherchera des antécédents de maladies digestives , de prise d’aspirine ou d’anti-inflammatoires ainsi que d’anticoagulants
Hémorragie interne
Le saignement est invisible, stocké dans une cavité interne comme le ventre (abdomen), le thorax.
Une grave détresse circulatoire avec état de choc est possible
.Savoir + : pour information citons 3 grands classiques :
– rupture de la rate (par choc sous les côtes à gauche)
– grossesse extra-utérine (retard de règles, pertes vaginales, douleur abdominale basse)
– rupture d’un anévrysme abdominal (personne agée)
Allonger à plat et jambes repliées pou apaiser la douleur.
Aider le DEA ambulancier
On mettra à disposition :
- matérile d’oxygénothérapie : bouteille, masque…
- nécessaire de secourisme d’urgence
- matériel de protection et d’hygiène : gants, antiseptique…
- compressifs, pansements, ruban adhésif
- couverture de survie
Résumé
Points clefs
- J’appuie, j’allonge, j’alerte
- Premier temps du bilan vital d’un blessé
- Ne pas confondre plaie artérielle et plaie veineuse
- Plaie artérielle: pulsatile, en jet, sans rouge vif
- Plaie veineuse: non pulsatile, en nappe, rouge fonçé
- Compression stérile de la plaie
- Prévention Accident expositions au sang (A.E.S.)
- Dépister une détresse circulatoire
- Alerter, Oxygéner, Membres inférieurs surélevés si malaise ou hypotension et à maintenir
- La compression locale doit être :
- suffisante pour arrêter le saignement
- permanente
Répertoire
- Recopier et définir les mots suivants :
- carotide, sous-clavière, axillaire, humérale, fémorale
- hémorragie externe , extériorisée, interne
- épistaxis
- collapsus
Fiche technique
Compétences à acquérir
- Savoir reconnaître une hémorragie artérielle
- Notion d’hygiène (laver les mains, utilisation de gants et compresses stériles)
- Connaître les différents points de compression
- Savoire faire un garrot
- Bien positionner la victime
- Dépister les signes d’une détresse circulatoire (état de choc, collapsus)
Cours, exercices
Savoir +
- Anatomie de la circulation (Notion de base tout niveau)
- Anatomie de la circulation (Niveau DEA ambulancier et +)
- Physiologie de la circulation (Niveau DEA ambulancier et + )
- Plaies qui saignent (Niveau DEA ambulancier et +)
- Hémorragie interne traumatique (Niveau DEA ambulancier et +)
- Détresse circulatoire: mécanisme (Niveau DEA ambulancier et +)
- Bilan et détresse circulatoire (Niveau DEA ambulancier et +)
- Hémorragies médicales (Niveau DEA ambulancier et +)
- Accident d’exposition au sang (Niveau DEA ambulancier et + )