Insuffisance respiratoire chronique (BPCO)
La destruction des poumons altère définitivement la fonction respiratoire.
Peu à peu le malade respire de moins en moins bien, d’abord à l’effort puis en continue au fil des ans.
La moindre infection respiratoire surtout en hiver entraine une décompensation respiratoire qui nécessite hospitalisation, voire en réanimation.
Le patient a besoin d’oxygène discontinue puis continue.
Certains patients sont sous ventilation artificielle à domicile voire avec une trachéotomie.
L’ambulancier transporte souvent des insuffisants respiratoires chroniques.
Comprendre
“L’enseignement en physiopathologie doit être suffisant pour permettre au candidat d’identifier les signes d’alerte afin de mettre en œuvre les procédures d’urgence adaptées, sans entrer cependant dans un niveau de détails trop important afin de rester dans le cadre des missions de l’ambulancier.
Rappel anatomique
Les poumons sont constitués d’alvéoles, bronchioles, tissue élastiques et vaisseaux.
Rappel physiologique
Le but de la respiration est d’amener à l’organisme de l’oxygène et d’éliminer du gaz carbonique.
Physiopathologie
Les poumons sont détruits par différents mécanismes : tabac, pollution, facteur génétique…
Au microscope, il y a de moins en moins de structures pulmonaires comme un gruyère plein de trous et les bronchioles se bouchent.
L’oxygéne a du mal à rentrer dans la circulation puis le gaz carbonique diffuse mal vers les alvéoles.
(hypoxie + hypercapnie)
L’infection aggrave la situation. On parle de BPCO ou bronchopneumopathie chronique obstructive.
Elle entraine une
poussée aiguë d’une insuffisance respiratoire chronique ou décompensation respiratoire.
Vous rencontrez d’autres nominations: emphysème, bronchite chronique, voire “asthme cardiaque”…
Il s’agit d’une maladie chronique mais la surinfection est aiguë.
La BPCO touche 3.5 millions de Français, responsable de nombreuses hospitalisations avec 17 000 morts par an.
Elle est plus fréquente chez les fumeurs.
Signes cliniques
Signes chroniques
Le patient tousse souvent et crache.
Il est essoufflé, respire vite et s’arrête de parler pour reprendre sa respiration.
Au début cela survient à l’effort puis dans la vie quotidienne et enfin en permanence (dyspnée de repos).
Le diagnostic est tardif. 75 % des patients ne sont pas au courant.
Décompensation respiratoire
La moindre infection peut entraîner une détresse respiratoire.
Une hospitalisation est souvent nécessaire.
Signes respiratoires
Il lutte de tout son corps contre l’asphyxie.
Il respire vite (Tachypnée) avec un va et vient inefficace (amplitude faible).
Il met en jeu tous les moyens nécessaires : battement des ailes du nez, tirage des muscles du cou.
Il tousse encore et crache (ce qui est rassurant). On conservera dans un bocal les crachats (expectorations).
Signes annexes
Il y a cyanose, sueurs, tachycardie et hypertension artérielle.
Signes de gravité
Comme toute maladie respiratoire, le bon réflexe lorsqu’on prend en charge ce type de malade est de dépister des signes de gravité nécessitant un transport médicalisé puis une admission directe en réanimation ou soins intensifs.
Ce sont une agitation, un délire ou simple désorientation dans le temps et l’espace.
La cyanose et les sueurs sont intenses. Il est très encombré.
Néanmoins la lutte respiratoire persiste et le cœur tient bon.Il ne faut pas arriver à l’inconscience totale,où le malade ne lutte plus, la respiration devient faible avec cyanose intense. Le cœur peut à tout instant rapidement lâcher avec bradycardie et hypotension puis arrêt cardiaque
Eléments à rechercher (Bilan)
Certains signes ne sont pas évidents. L’interrogatoire recherchera antécédents. Les ordonnances peuvent aussi orienter.
Bilan circonstanciel
La décompensation respiratoire est en général en rapport avec une infection pulmonaire surtout en hiver.
Bilan vital immédiat
Conscience/Ventilation/Circulation
Prise des constantes : FR, SpO2, TA, Pouls, Température
Antécédents
Le patient est souvent suivi médicalement voir en hospitalisation à domicile (HAD).
Le médecin spécialiste est un pneumologue.
On n’oubliera pas son dossier médical et le ventilateur artificiel s’il en possède un.
◁ Revoir cours bilan complémentaire
Causes
C’est la troisième cause de mortalité en France.
Le problème est d’autant plus grave qu’il ne se révèle cliniquement qu’à un stade avancé de la maladie.
Le tabac est le grand responsable mais aussi la pollution, les infections respiratoires et quelques maladies génétiques (mucovicidose, emphyseme bulleux…)
Un dépistage précoce permet de ralentir la maladie.
Il faut arrêter de fumer, faire de la kinésithérapie respiratoire et traiter à temps les infections respiratoires.
Gestes à faire
Position
- ½ assise
- Faciliter la respiration en desserrant col, cravate, corset, ceinture…
Oxygéner
Un malade ayant des antécédents pulmonaires ou cardiaques peut recevoir de l’oxygène mais avec prudence car l’organisme est habitué au manque d’oxygène dans le sang et cela stimule sa respiration. C’est l’effet paradoxal de l’oxygène.
L’arrivée de grandes quantités d’O2 est bénéfique mais fait baisser la vigilance du cerveau et donc stimule moins les centres respiratoires. Il y a un « paradoxe ». Plutôt que d’améliorer la situation, au contraire, l’O2 l’aggrave.
Pour le prévenir, il faut suivre scrupuleusement l’ordonnance du médecin.
Sans prescription et en urgence l’oxygénation sera progressive à 0,5 / mn au début, toujours inférieure à 1 l/ mn et jamais à fort débit. Un débitmètre est souvent peu fiable aux faibles débits (sauf rotamètre de précision gradué de 0 à 3 l/mn). Dans ce cas le tuyau plongé dans un liquide doit donner des bulles l’une après l’autre.
Ce risque est néanmoins assez théorique, d’autant que pendant le transport, le patient est stimulé en permanence.
Beaucoup préconisent d’utiliser l’oxygène au débit classique surtout si le transport est court.
De plus si au cours du transport, le patient présente un arrêt respiratoire ou cardiaque, il n’y a plus aucune réserve et l’insufflation d’oxygène à haute concentration devient indispensable.
▷ Télécharger fiche recommandation Haute Autorité de Santé sur oxygénothérapie longue durée
◁ Revoir cours oxygénothérapie
Conseil
- En transport primaire : pas d’inquiétude le transport est bref et l’oxygène n’est pas dangereux
- Pour le secondaire: respectez scrupuleusement les prescriptions surtout si le trajet est long
Conseil au malade
Si vous transportez une personne pour une autre raison et que vous constatez un essoufflement chez un fumeur et qui tousse, il faut lui conseiller de consulter son médecin traitant.
En effet il se peut qu’elle ne soit pas au courant qu’elle a une bpco.
Se protéger
Si le patient tousse, même s’il ne sort rien, un “nuage de micro goutellettes” invisible avec ou sans bactéries ou virus peut être inhaler par l’ambulancier.
Il faudra rester à distance et ne pas être dans l’axe lors de la quinte de toux.
Si vous transportez un patient inconnu, non suivi médicalement et avec altération de l’état général, il peut être porteur de la tuberculose.
Dans ce cas il est plus prudent de porter un masque.
Malade appareillé
Lors d’un transport secondaire, le patient peut être porteur:
– d’une sonde à oxygène ou de lunettes
– d’une trachéotomie
– d’un appareil de ventilation non invasif
▷ Voir transport d’un malade appareillé
Examen blanc
Vous êtes Mr X, DEA de la société des ambulances Y.
Le fils de Monsieur Z agé de 75 ans, insuffisant respiratoire sous oxygène vous demande de le conduire aux urgences car il a du mal à respirer.
Résumé
Points clefs
- Ne pas négliger l’agitation, la désorientation et le mettre sur le compte de l’asphyxie plutôt que sur la psychiatrie.
- Toujours position 1/2 assise
- Ne pas hésiter en transport primaire à oxygéner
- Revoir calcul autonomie bouteille d’oxygène
Liens
Répertoire
- Recopier et définir les mots suivants :
- bpco, insuffisance cardiaque
- hypoxie, hypercapnie
- dyspnée, tachypnée, expectoration
Conseil
- Le cours à télécharger et les exercices (quiz, test) sont disponibles à la fin du chapitre ou à la page exercices