Ventilation artificielle
Méthodes
Le bouche a bouche n’est plus utilisé en première intention dans la mort subite. Il consiste à souffler dans la bouche du malade tout en regardant le thorax se soulever.
L’insufflation se fait à l’aide d’un Ambu composé d’un masque, d’une valve unidirectionelle et d’un ballon autoremplisseur.
La fréquence est d’environ 10/mn soit une insufflation de 1 sec. avec un appui de la moitié du ballon.
Cela permet de voir le thorax se soulever.
Bouche à bouche
Principes
L’insufflation de la victime se fait par le gaz expiré du sauveteur.
En effet, à la fin de l’inspiration, le sauveteur a encore de l’O2 dans les voies aériennes. C’est l’espace mort.
Il peut donc le donner en soufflant dans la bouche du malade.
Aucune transmission du virus du SIDA par la salive seule, en l’absence de sang, n’a été démontrée. Néanmoins il est préférable de s’aider d’un embout buccal.
Environ 500 ml d’air entre à chaque inspiration.
On peut néanmoins,volontairement aspirer plus en contractant plus fort les muscles respiratoires.
Il reste toujours de l’air dans les poumons à la fin de l’expiration même en forçant un peu (expiration forcée).
A l’expiration grâce aux muscles abdominaux, en poussant on sortira plus d’air.
L’oxygène non utilisé (dans les voies aériennes) ressort (très utile pour le bouche à bouche).
C’est l’espace mort (non utilisé)
Fin inspiration: voies aériennes pleines d’oxygène (en vert) |
Début expiration: Le CO2 arrive et l’O2 non utilisé sort |
|
Indication
C’est l’arrêt respiratoire.
Pour l’arrêt cardio-respiratoire on préconise le massage cardiaque puis la défibrillation en premier.
D’autant que peu de personne ose faire du bouche à bouche et l’ambulancier possède le matériel de ventilation manuelle de premier secours.
Technique
Utilisation d’un masque ou écran facial
Pour des raisons d’hygiène, il est préférable d’interposer une protection entre le sauveteur et la victime.
Le masque est de forme triangulaire, transparent avec un filtre.
L’écran est un simple film plastique troué au centre d’une toile perméable à l’air.
Position et préparation
On est à genoux à coté de la tête du patient.
La tête est placée en arrière, le maxillaire est tiré en avant, la bouche fermée.
On inspire normalement, pas trop profondément, puis on ouvre largement la bouche afin de l’appliquer sur celle de la victime avec le nez est pincé.
Insufflation
On insuffle son air expiratoire, puis on se redresse et reprend alors une inspiration normale
Observation de l’insufflation et de l’expiration
On observe le bon soulèvement du thorax du patient.
L’oreille à 20 cm au dessus des narines, permet d’entendre le bruit produit par le passage de l’air expiré.
En même temps on prend une nouvelle inspiration. La tête est maintenue en position.
Coordination des cycles ventilatoires
On doit maintenir, en théorie, une ventilation stable avec des volumes d’environ 500-800 ml et une fréquence correcte.
On préconise
une fréquence et des volumes plus faibles.
La durée de l’insufflation sera de 1 seconde. (au lieu de 2 dans les recommandations précédentes).
L’insufflation dure jusqu’au soulèvement du thorax, soit une seconde environ.
De gros volumes risquent de gonfler l’estomac, surtout si les voies aériennes ne sont pas correctement libérées.
Le secouriste se fatigue inutilement et peut avoir des picotements dans la figure et les mains voire faire une crise de tétanie.
Chez l’enfant le bouche à nez est préférable, avec un rythme d’environ 30-40 / mn.
Efficacité
Les signes d’une bonne ventilation artificielle sont la recoloration du patient avec le soulèvement et abaissement du thorax, et l’issu d’air pendant l’expiration passive du patient.
Bouche à bouche et MCE
L’insufflation préalable n’est plus enseignée.
En l’absence de pouls carotidien, il faut pratiquer M.C.E. puis défibrillation.
Si l’arrêt se prolonge et en l’absence de matériel débuter le bouche à bouche.
L’alternance est de 30 compressions pour 2 insufflations
Chez l’adulte et l’enfant
- basculer la tête de la victime en arrière comme pour la technique de libération des voies aériennes
- pincer le nez de la victime entre le pouce et l’index, tout en maintenant la bascule en arrière de la tête avec la main qui est placée sur le front ;
Le pincement du nez empêchera toute fuite d’air par le nez lors des insufflations - ouvrir légèrement la bouche de la victime en utilisant l’autre main et maintenir le menton élevé
- inspirer, sans excès
- appliquer la bouche largement ouverte autour de la bouche de la victime en appuyant fermement
La pression ferme autour de la bouche de la victime empêchera toute fuite d’air durant les insufflations - insuffler progressivement jusqu’à ce que la poitrine de la victime commence à se soulever (durant 1 seconde environ)
- se redresser légèrement afin de :
- reprendre son souffle
- vérifier l’affaissement de la poitrine de la victime
- insuffler une seconde fois dans les mêmes conditions.
La durée de réalisation de ces deux insufflations successives ne doit pas excéder 5 secondes.
La réalisation rapide des manoeuvres d’insufflation permet de ne pas retarder la reprise des compressions thoraciques.
Si le ventre ou la poitrine de la victime ne se soulève pas lors des insufflations
- s’assurer que la tête de la victime est en bonne position et que son menton est élevé
- s’assurer qu’il y a une bonne étanchéité et pas de fuite d’air lors de l’insufflation
- rechercher la présence d’un corps étranger dans la bouche. Le retirer avec les doigts, si nécessaire.
Chez le nourrisson
La technique est sensiblement la même que pour l’adulte ou l’enfant. Toutefois, il convient de :
- placer la tête du nourrisson en position neutre, menton élevé
- englober avec la bouche à la fois la bouche et le nez de la victime
- insuffler des volumes d’air sensiblement moindres que pour l’enfant
Insufflateur
Matériel
Il comprend :
- masque
- filtre
- valve unidirectionelle
- ballon auto-remplisseur
- ballon réservoir
- entrée pour oxygène
Masque
Il est de forme triangulaire. (circulaire pour le nourrisson)
Le sommet est appliqué contre le nez, sa base sur le menton.
Un bourrelet permet d’obtenir une étanchéité parfaite grâce à une bonne application sur le visage.
Il existe différentes tailles de 0 à 5 (4 est la plus usuelle).
L’orifice supérieure est de taille universelle s’adaptant aussi bien à un filtre ou à la valve.
Nouveau-né | Nourrisson | Jeune enfant | Adolescent | Adulte |
00-0 | 1 | 2 | 3 | 4-5 |
Ils sont, si possible, transparents et à usage unique, afin que l’on puisse surveiller l’apparition d’une cyanose ou de vomissements.
Filtre échangeur de chaleur et d’humidité
L’oxygène administré est froid et sec. Il est intéressant d’interposer entre le masque et la valve un filtre.
En plus de générer de la chaleur et d’humidité, il est antibactérien.
Il est indispensable si le ballon n’est pas à usage unique.
Valve unidirectionnelle
Elle permet de séparer l’air inspiré de l’air expiré, sinon le gaz carbonique serait stocké dans le ballon puis réinsufflé.
Avant utilisation il faut vérifier que la valve est bien montée.
Chez l’enfant, la valve est munie d’un dispositif de surpression.
Quand la main du secouriste exerce une pression sur le ballon, le gaz contenu est insufflé dans les poumons de la victime car la pression du ballon bloque la valve d’admission.
Les sorties de valve ou embouts sont maintenant standard évitant de mettre le ballon à la place de la valve !
En dehors du masque on peut aussi brancher directement une sonde d’intubation, de trachéotomie.
Rappelons qu’il est préférable d’interposer un filtre.
Attention
- si on donne de trop gros volumes, la valve peut se bloquer
Ballon auto-remplisseur
ou B.A.V.U. (Ballon Autoremplisseur à Valve Unidirectionnelle )
Il stocke le mélange air enrichi en O2.
Sa contenance est de 1 à 1,6 l (500ml pour celui pour l’enfant)
La pression manuelle sur le réservoir insuffle le mélange dans les poumons.
D’un volume de 1 à 1,8 litres chez l’adulte et qui reprend automatiquement sa forme quand on cesse d’appuyer sur lui.
Il existe en fonction du volume du ballon plusieurs modèles destinés à l’enfant (0,5 litre) et au nourrisson (0,3 litre).
Il y a une entrée latérale pour l’O2.
Le modèle le plus connu est l’insufflateur “AMBU”® (nom de la marque)
(C’est comme on dit frigidaire, une marque, pour réfrigérateur)
On peut stocker tout le matériel nécessaire dans un pack près pour l’emploi.
Il existe aussi des ballons à usage unique, conservé dans un emballage soudé.
Pourquoi auto-remplisseur ?
Parce que lorsqu’on appuie pour insuffler, il reprend ensuite sa forme. Ce qui est pratique mais à un INCONVENIENT: si on ballone avec des fuites le ballon n’est jamais plat. Il faut donc TOUJOURS vérifier que le thorax se soulève.
A l’hôpital il existe en anesthésie, des ballons plats qui se gonflent uniquement si l’ensemble est étanche.
Ballon réservoir
Il permet d’augmenter la concentration d’oxygène jusqu’à 100 %.
Pendant l’insufflation, le ballon réservoir continue de se remplir et accumuler de l’oxygène.
Entrée d’oxygène
L’ambu est relié au débilitre de la bouteille présence par un tuyau flexible et long.
Mode d’emploi
Ce matériel pour être efficace doit être complet, en état de marche 24 h/24 et disponible immédiatement.
On l’utilise uniquement s’il est à porter de mains, sinon, il faut pratiquer le bouche à bouche en attendant l’appareil.
Le sauveteur se place à la tête de la victime.
Choisir un masque de taille adaptée et le connecter à la pièce en T de l’insufflateur
De la main gauche, on bascule la tête en arrière tout en luxant la mâchoire, en plaçant les 3ème, 4ème et 5ème doigts sous le menton.
Le sommet du masque est appliqué sur l’arête du nez et la base du triangle englobe la bouche jusqu’au menton.
L’index et le pouce seront placés autour du masque afin de le maintenir appliqué sur la face. (Le pouce devant, l’index derrière).
Donc le pouce de la main qui maintient le masque sur sa partie étroite au dessus du nez de la victime, exercer une pression.
L’index se place sur la partie large du masque (au-dessus de la lèvre inférieure de la victime) alors que les autres doigts viennent se placer en crochet sous le menton et le tirent vers le haut pour l’appliquer contre le masque et maintenir les voies aériennes de la victime libres.
En finalité, le pouce exerce une pression vers le bas alors que les autres doigts exercent une traction du menton vers le haut.
Cette saisie du masque et du menton de la victime sous forme de « pince » de la main du secouriste est l’élément essentiel qui permet d’assurer l’étanchéité du masque sur le visage de la victime tout en maintenant les voies aériennes libres.
De la main droite, le sauveteur exerce sur le ballon des pressions suffisantes pour soulever le thorax.
On préconise de plus en plus de faibles volumes (500 ml) avec une fréquence basse (10 à 12 par mn) soit 1 seconde par insufflation ( au lieu de 2 sec.), soit la moitié du ballon.
Le mieux est d’arrêter dès que la poitrine commence à se soulever.
Si une bouteille d’oxygène est à disposition, le débitlitre est ouvert à 9-12/mn.
Chez l’enfant, on utilise un insufflateur plus petit, muni d’une valve de surpression, la pression exercée sera plus faible et plus rapide.
La difficulté de cette technique est liée à la nécessité :
- de maintenir les voies aériennes libres (menton vers le haut) et d’obtenir une bonne étanchéité pour limiter les fuites d’air avec une seule main ;
- de réaliser une pression régulière sur le ballon auto-remplisseur avec l’autre main.
Cette technique requiert un entraînement régulier.
Astuces
- Le maintien du masque sur la face sans fuite et avec une LVA n’est pas facile.
- Il y a 2 mouvements contradictoires:
- appuyez fort sur le masque pour être étanche, donc en flexion
- basculer la tête en extension
- Avec un bon entraînement, on arrive à concilier les 2 objectifs
Risques
L’insufflation ne doit pas être trop brève ni trop brutale au risque d’ouvrir l’oesophage et d’insuffler de l’air dans l’estomac de la victime.
Cette insufflation d’air dans l’estomac entraînerait un reflux du contenu gastrique dans le pharynx puis dans les poumons.
Si au cours de la ventilation artificielle une victime présente un vomissement, il faut immédiatement interrompre la ventilation, tourner la victime sur le coté, dégager aux doigts les débris alimentaires solides et volumineux, aspirer les liquides de la bouche de la victime, si un aspirateur est disponible, puis la remettre sur le dos avant de reprendre la ventilation artificielle.
Si le coeur n’est pas arrêté, on peut ventiler en pls.
Evaluation
La ventilation artificielle est efficace lorsque on obtient un début de soulèvement de la poitrine de la victime à chaque insufflation.
Après usage
La valve est démontée et trempée dans un antiseptique puis remontée.
L’insufflateur est nettoyé, séché et désinfecté.
Le filtre antibactérien et le ballon à usage unique sont jetés avec les déchets de soins.
Stockage du matériel
On veillera à :
- ne pas comprimer ou écraser le ballon
- le préserver des chocs
- préserver son sac de protection de toute altération extérieure
- toute altération du bourrelet du masque doit faire changer de masque
L’arrêté du 20 Mars 1990 définit l’obligation d’avoir dans une ambulance de classe A ou C,un insufflateur manuel homologué.
Il n’y a pas d’obligation pour le VSL (classe D).
▷ Savoir + : Matériel à bord (Module 6)
Cas particulier: Ventilation artificielle enfant et nourrisson
Les techniques et les points clefs de la ventilation artificielle chez l’enfant sont identiques à celles de l’adulte.
Cependant, le volume d’air insufflé pour entraîner un soulèvement de la poitrine est moindre.
Sans matériel
L’insufflation se fait en entourant de la bouche du sauveteur, le nez et la bouche de l’enfant.
L’efficacité se traduit par les mouvements du thorax et l’issue d’air à l’expiration passive.
La fréquence respiratoire est de 20 /mn
Chez le nourrisson
le bouche-à-bouche-et-nez est la technique de ventilation artificielle qu’il faut réaliser ).
Cette technique se distingue de celle du bouche-à-bouche, car :
- Le sauveteur englobe avec sa bouche à la fois la bouche et le nez de la victime
- Le volume des insufflations est plus faible que chez l’adulte pour voir la poitrine
commencer à se soulever
La fréquence respiratoire est de 30 à 40 /mn
Insufflateur pédiatrique
On utilise un ballon de ½ l ou 500ml chez l’enfant et de 300 ml chez le nourrisson.
Le faible volume à insuffler est celui qui entraîne un soulèvement thoracique visible.
La compression du ballon est rapide et faible.
Le ballon est muni d’une valve de surpression.
Chez le tout petit, la partie inférieure du masque est introduite dans la bouche entre les dents et les lèvres.
Points clefs
- Toujours LVA au préalable
- Si inefficacité circulatoire, MCE et défibrillation sont prioritaires
- étancheité parfaite entre masque et face
- Le thorax doit se soulever à l’insufflation
- Maintenir la tête en hyperextension à l’expiration
- Fréquence basse de 10 à 12 /mn
- Chaque insufflation doit durer 1 seconde
- Vider la moitié du ballon
Astuces
- Le maintien du masque sur la face sans fuite et avec une LVA n’est pas facile.
- Il y a 2 mouvements contradictoires:
- appuyez fort sur le masque pour être étanche, donc en flexion
- basculer la tête en extension
- Avec un bon entraînement, on arrive à concilier les 2 objectifs
Conseil
- Les gestes de secours avec l’ordre d’utilisation seront abordés au chapitre correspondant
- Le cours est téléchargable à la fin du chapitre RCP ou à la page téléchargement
- Les exercices sont disponibles à la fin du chapitre RCP ou à la page exercice