Hyperthermie, hypothermie
L’hyperthermie se rencontre lors d’un effort violent (compétition sportive) ou d’une canicule (personne âgée).
Elle peut être mortelle et nécessite réhydratation, refroidissement puis oxygénation et alerte.
Toute personne inconsciente peut se refroidir. Pour dépister une hypothermie, il faut y penser et prendre systématiquement la température.
En dessous de 30°, tout est ralenti y compris la respiration. Il y a risque d’arrêt du cœur.
Comprendre
“L’enseignement en physiopathologie doit être suffisant pour permettre au candidat d’identifier les signes d’alerte afin de mettre en œuvre les procédures d’urgence adaptées, sans entrer cependant dans un niveau de détails trop important afin de rester dans le cadre des missions de l’ambulancier.
Rappel physiologique
Notre corps à une température pratiquement constante autour de 36-37°C quelque soit l’environnement.
Elle varie faiblement dans la journée; basse la nuit, plus haute lors d’un effort.
Nous sommes capables de nous couvrir ou au contraire d’être dévêtu ou d’éviter le soleil.
Il y a en permanence un équilibre entre production de chaleur et évacuation de la chaleur en excès.
Production de chaleur
Grâce à notre alimentation, nous pouvons brûler glucides et lipides pour produire de la chaleur.
Quand on fait des efforts, les muscles chauffent.
Si on frisonne on fabrique du chaud. Les muscles se contractent sans bouger.
Le frisson, c’est comme lorsqu’on essaie d’avancer sa voiture avec les freins bloqués, les roues deviennent brulantes.
Elimination de la chaleur
Il y a plusieurs moyens de perdre de la chaleur :
– évaporation
– sueurs
– dilatation des vaisseaux de la peau (vasodilatation). La peau devient rouge
Conservation de la chaleur
En milieu hostile, il faut garder le noyau central du corps au chaud. En effet il contient des organes vitaux.
La peau par contre peut survivre au froid (non vital, mais risque de gelures)
Le cerveau donne l’ordre de fermer les vaisseaux de la peau (vasoconstriction) qui devient pâle et froide.
Régulation centrale
Le cerveau avec des capteurs de température est informé de la température du corps et peut donner des ordres automatiques adaptés.
C’est un véritable thermostat interne qui règle la température du corps à 37°C.
Physiopathologie
Lutte contre le chaud
Le corps peut résister à 41°C au maximum 8 heures.
Surtout l’organisme se défend dès les premières sensations de chaleur.
Le cœur s’accélère, les vaisseaux de la peau se dilatent ce qui permet de transpirer et d’éliminer la chaleur.
Mais il perd beaucoup d’eau d’où la nécessité de boire beaucoup.
Ces mécanismes sont parfois dépassés avec hypotension (détresse circulatoire), souffrance du cerveau (inconscience), fabrication de déchets toxiques…
Lutte contre le froid
En présence d’une température inférieure à celui du corps humain, on se couvre, puis si c’est insuffisant on frissonne.
Si le milieu est hostile, la personne est vite débordée par le froid et s’épuise et ne peut plus lutter et s’endort.
Si Les centres de la température situés dans le cerveau sont endormis lors d’une maladie neurologique (AVC) , intoxication, alcoolisme… ,même si la température n’est pas trop froide, le malade inconscient prendra la température de la pièce ( qui est rarement à 37°C !).
Dérèglement du thermostat (fièvre)
En présence d’une infection, le thermostat du cerveau est réglé sur une température supérieure. C’est pourquoi on frisonne et on a une sensation de froid.
En fait, il faudrait se dévêtir et manger plus puisque l’on brûle des calories pour obtenir une température supérieure à la normale.
Mesure de la température
Elle est constante vers 36°-37°, malgré les variations de la température extérieure.
Elle se mesure avec un thermomètre. ( ▷ Revoir technique de mesure).
▷Fiche technique : Mesure de la température
Hyperthermie
C’est l’augmentation de la température. (“hyper” = hausse)
Circonstances
Canicule
Les épisodes caniculaires sont de plus en plus fréquents en été.
Or la France n’a pris conscience du problème qu’après la dernière canicule mortelle pour un grand nombre de personnes âgées en 2005.
Le plus important, c’est l’excès de température nocturne car dans ce cas le corps ne peut pas se reposer.
Personnes vulnérables:
– Vieillard
Passé un certain âge, le corps transpire peu et la personne n’a plus la notion “d’avoir soif”.
– Enfant
Par ex.: un enfant “oublié” dans une voiture
– Malade psychiatrique
Les médicaments favorisent le coup de chaud ainsi qu’un habillement inadapté et une exposition immobile au soleil.
Coup de chaleur
Il survient lors d’un exercice physique important surtout dans une atmosphère humide, mais la chaleur peut être modérée.
C’est le cas des marathons et autres marches notamment chez les militaires.
Ne pas oublier les ouvriers du bâtiment.
Devant un “malaise” lors d’une compétition sportive, il faut penser à l’hyperthermie.
Facteurs favorisants
Hygrométrie >75% (Humidité)
Tenue vestimentaire inadaptée
Retard à la réhydratation
Utilisation de produits dopants: café, amphétamines…
Médicaments psychiatriques
Atmosphère chaude et non ventilée
Efforts
Délirium trémens
Il survient chez un alcoolique qui arrête brutalement de boire par ex. lors d’une hospitalisation ou après une chute à domicile et découverte tardive.
L’agitation est intense avec des tremblements y compris pour la parole.
La personne est couverte de sueurs, et a une hyperthermie.
Il délire avec vision d’animaux comme des insectes courant sur les murs, entraînant une terreur intense.
▷ Voir cours maladies psychiatriques
Conséquences
Détresse circulatoire
Il y a rapidement une déshydratation avec risque de détresse circulatoire puis neurologique (coma).
Insolation
Elle survient lors de l’exposition de la tête au soleil.
Rapidement apparait un malaise puis inconscience.
Bilan
L’hyperthermie se manifeste par:
–
des troubles du comportement:
désorientation, agitation voire inconscience et convulsions
– des crampes musculaires +++
– des troubles digestifs à type de nausées, vomissements voire diarrhée.
Un bilan vital est indispensable car le risque de détresse circulatoire est important et à tout instant un arrêt cardiaque peut survenir. La température est élevée.
Il ne faut pas oublier de prendre la température, dans ces circonstances.
Gestes à faire
La victime est déshabillée, installé dans un endroit ventilé (si possible climatisé), aspergée d’eau.
Le plus efficace est de l’envelopper d’un linge humide.
L’idéal est de vaporiser de l’eau fraîche (15°C) associé à un courant d’air.
Si la personne est totalement consciente, on doit la réhydrater.
Si la personne est inconsciente, elle est mise en P.L.S.
Pour une détresse majeure, les gestes habituels de réanimation sont pratiqués.
On peut utiliser la couverture isotherme dite de survie pour se protéger du soleil, mais la face dorée au contact de la victime.
Un bilan au centre 15 est indispensable.
Attention
- Un coup de chaleur peut être MORTEL
En résumé il faut :
- Réhydrater
- Refroidir
- Oxygéner
- Alerter
Prévention
Eviter les périodes chaudes et surtout humide pour faire un effort
Se réhydrater régulièrement
Porter des vêtements adaptés
La nuit dormir dans un endroit frais
▷ Lien : Prévention chez les personnes agées 0800.06.66.66
▷ Voir plan grand froid (module 8)
Fièvre
C’est aussi une hyper….thermie, puisqu’il y a augmentation (hyper) de la température (thermie).
Mais on parle de fièvre car les circonstances sont différentes.
Il s’agit d’une maladie spontanée en général une infection.
Ce n’est plus une maladie de l’environnement.
C’est un phénomène naturel de lutte contre les infections: virus et bactéries.
▷ Voir Module 3 Hygiène: Maladies infectieuses
Bilan
Tout est possible de la simple fatigue au choc septique.
Attention
- Chez l’enfant, au-delà de 38,5° et surtout lors des variations brutales, il y a risque de convulsions
(Ce sont tous les signes de l’épilepsie, mais dans ce cas on préfère parler de crise convulsive).
Signes de gravité
On recherchera les signes potentiellement dangereux comme :
–
teint pâle ou “terreux”
– chute tensionnelle
– détresse respiratoire notamment laryngée: sifflement,changement de la voix, tirage faisant évoquer une laryngite (Attention à la redoutable épiglottite)
– raideur de la nuque, vomissement, la lumière fait mal (photophobie) évoquant une méningite
– somnolence voire coma
– plaques violacées sur le corps en “carte de géographie”
Gestes à faire
En présence d’un signe alarmant et même en cas de doute, il faut immédiatement avertir le centre 15.
Les gestes classiques de réanimation sont immédiatement mis en route.
Ne pas oublier de garder la position 1/2 assise ou légèrement penché en avant pour l’épiglottite de l’enfant.
Heureusement toutes les fièvres ne sont pas inquiétantes. Des soins de confort sont nécessaires, surtout chez l’enfant:
- Faire boire pour éviter la déshydratation
- Habillez légèrement, enlevez couvertures
- Bain pour enfant avec une température entre 18 et 20°
A titre privé, pour sa famille, on utilisera un antipyrétique de type paracétamol.
Hypothermie
C’est une température en dessous de la normale. (“hypo”= baisse)
A partir de 35°, l’organisme s’endort et en dessous de 30°, le risque d’arrêt cardiaque est majeur.
L’hypothermie modérée est entre 35°C et 32°C
L’hypothermie moyenne est entre 32°C et 28°C
L’hypothermie sévère est en dessous de 28°C
Circonstances
Milieu hostile
Le plus classique est la survie dans une eau froide.
Il peut s’agir aussi de température extrême en haute montagne (avalanche).
Milieu urbain
Une personne inconsciente qui n’est pas découverte immédiatement (suicide, avc, alcoolisme aigue) peut vite se refroidir même si la température de la pièce est de 15°!
Cela ne survient pas seulement en hiver …
Le sans abri qui en hiver couche dehors et qui parfois à un taux alcoolémie élevé peut rapidement se refroidir.
Attention à la non assistance en personne en danger, si l’ambulancier ne s’arrête pas pour vérifier que tout va bien.
On a déjà vu des personnes mourir sur le sol à quelques mètres de l’entrée d’un hôpital alors qu’un va et vient d’ambulances sont passés toute la nuit.
Cas particuliers
Le prématuré (▷ voir chapitre pédiatrie)
Signes
Ils sont très variables et souvent masqués par la maladie initiale (par ex. coma traumatique, vasculaire, toxique…)
En milieu hostile, où la personne est au départ non malade , la progression se fait en général comme suit :
Hypothermie
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Modérée
35-32° |
Grave
32-28° |
Majeure
<28° |
Signes neurologiques
|
Hallucinations, Somnolence
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Perte de connaissance
|
Coma profond
|
Signes musculaires
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Frissons, Crampes
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Rigidité
|
Rigidité
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Signes cutanées
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Peau froide, marbrures
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Peau froide
|
Peau froide
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Signes respiratoires
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Tachypnée (rapide)
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Bradypnée (lente)
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Très lente, pause, arrêt
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Signes cardiaques
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Tachycardie, HTA
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Bradycardie, Hypotension
|
Pouls imprenable
|
Les pièges
- Une peau froide et pâle ou des ongles, des lèvres bleues ne signifient pas toujours un manque d’oxygène du sang (hypoxie) ou une hémorragie massive
- Il faut toujours regarder le contexte.
- Un nageur qui a les lèvres bleues, c’est qu’il a froid mais peut aussi signifier une grave détresse respiratoire suite à une noyade
- Ne pas oublier de prendre la fréquence respiratoire
Bilan
C’est un bilan vital (conscience, ventilation, circulation).
La température la plus “centrale” est au niveau de l’abdomen.
La prise de température est difficile car les thermomètres classiques ne descendent pas tous en dessous de 35-36 °et on peut se faire piéger.
Il faut utiliser un thermomètre hypothermique qui descend jusqu’à 27°.
En montagne, il faut regarder les extrémités (risque de gelures) et à domicile, risque d’escarres même après quelques heures d’inconscience (ou rougeur aux points d’appui comme la face interne des genoux).
Attention, il est très difficile, dans ces circonstances de faire la différence entre une personne en hypothermie majeure avec une respiration nulle, sans pouls périphérique mais en fait vivant et une personne morte…
La personne qui se réveille à la morgue est un cas très exceptionnel mais médicalement possible…
Attention
- Une personne inconsciente, découverte tardivement est souvent en hypothermie
même en dehors de la période hivernale
Gestes à faire
Gestes de survie
Ils sont classiques pour les détresses.(PLS et LVA si inconscience)
Réchauffement
Paradoxalement sauf pour le confort, le réchauffement immédiat est discutable.
Il doit être progressif.
L’oxygénothérapie est indispensable surtout si la victime frissonne.(Ce qui est très néfaste chez un cardiaque car son coeur travaillera trop).
Couverture isotherme dite ” couverture de survie”.
Elle est composée d’un film polyester qui réfléchit 90 % des rayons infrarouges.
Elle peut donc limiter la perte de chaleur.
Elle ne réchauffe pas mais garde la température du corps en évitant à la chaleur de la peau de se dissiper.
Elle est aussi un coupe-vent qui refroidit.
On met la face argentée au contact de la victime (le contraire pour protéger du chaud).
▷ Voir plan grand froid (module 8)
Résumé
Points clefs
- L’hyperthermie entraîne déshydratation
- Devant un “malaise” lors d’une compétition sportive, il faut penser à l’hyperthermie
- Un coup de chaleur est refroidi avec un drap mouillé
- Un coup de chaleur est parfois MORTEL
- “Avoir de la température” est une mauvaise expression puisque nous avons tous une température !
- Hyperthermie et fièvre : ce sont le même chiffre élevé mais pas les mêmes causes
- Fièvre : processus infectieux
- Hyperthermie: autres causes comme un coup de chaleur
- Une personne inconsciente, découverte tardivement est souvent en hypothermie
- Ne pas déclarer morte une personne en hypothermie majeure
Répertoire
- Recopier et définir les mots suivants :
- hypothermie, hyperthermie
- frissons
Conseil
- Le cours à télécharger et les exercices (quiz, test) sont disponibles à la fin du chapitre ou à la page exercices